Tout fout le camp ?

Les problèmes que Led Zep rencontre depuis 2/3 ans n'ont pas été résolus, voire s'empirent, Bonzo et Page sont dépendants, respectivement, de l'alcool et de l'héroïne, au point que ça influe négativement leur jeu.

Il y a toujours des petites fissures dans le groupe (le batteur et le guitariste, sous addiction, face aux deux autres, comme l'expliquera John Paul Jones) et malheureusement, Robert Plant a perdu son jeune fils, Karac, brutalement. Il ne s'en remettra que difficilement.


Au moment de donner suite à l'excellent Presence, la donne a un peu changé. John Paul Jones, si discret sur l'album précédent, prend une importance considérable dans les nouvelles répétitions, au détriment d'un Page plus absent et moins inspiré.


Et autant le dire tout de suite ça se ressent.

Quand on écoute In Through the Out Door, on se demande où est vraiment Jimmy Page ou pourquoi est ce que Led Zeppelin ressemble à du Genesis ?


Pourtant, ça commence plutôt bien, on retrouve tout le feeling de Page sur In The Evening, un bon riff, le duo synthé/guitare fonctionne bien, le solo est top, le vibrato apporte une touche assez cool, on regrettera juste un mixage étrange sur la voix de Plant, qui parait parfois un peu noyé. De ce fait, la chanson prendra une autre ampleur en concert, clairement.


South Bound Saurez, nous donne de suite le ton du reste de l'album : Jimmy Page très en retrait face à Plant & John Paul Jones. Celle-ci est d'ailleurs composé sans Page, une première dans l'histoire de Led Zep. Là c'est un hommage sympa au rythm & blues de la Nouvelle Orléans, avec un bon côté boogie, un peu inhabituel pour le groupe, mais bien en deçà du standard Led Zep.


Fool in the rain est assez inventive dans le duo piano/guitare, et la coda est sympa. Le côté samba est surprenant, un peu déconcertant mais pas désagréable non plus. L'inspiration vient de la coupe du monde en Argentin en 1978. On notera tout de même un beau feeling de Bonzo et un Page plutôt inventif dans son solo.


On sent bien que John Paul Jones prend les choses en main, surtout par la force des choses, mais le niveau de composition est très éloigné de Page. De plus le bassiste/pianiste qui a un nouveau joujou (un synthé hors de prix, donnant aussi cette tonalité très... 80's par moment) se retrouve aussi a enregistrer avec le groupe dans les studios... d'ABBA, en Suède. On ne sait pas s'il y a une influence, mais ce ne serait pas totalement déconnant... malheureusement.


La récréation Hot Dog, pastiche country sympathique sur un mec qui vient de perdre sa nana, n'est pas désagréable, un peu bizarre là aussi. Le solo, par contre, c'est un peu du foutage de gueule de Jimmy !


Le pire est à venir, Carouselambra !

C'est quoi ça ?

Ce clavier dégoulinant.... sur 10 minutes !! 10 putain de minutes ! C'est long et pénible, avec une mélodie infernale et répétitive, une voix totalement noyée dans les synthés...

Certains motifs de guitares sont vaguement sympa mais c'est trop peu. D'ailleurs, Jimmy enregistre avec sa fameuse Gibson double, c'est la première et dernière fois. Et d'ailleurs, tu es où Jimmy là pour laisser faire ça ?


All My Love est un peu dégoulinant aussi malgré le sujet fort, c'est pop et le refrain est nul (Page ne l'aimait pas non plus, mais difficile d'aller dire ça à un père en deuil). Là aussi, Page n'est même pas à la composition.


Allez, après deux chansons un peu cata, I'm gonna Crawl remonte un peu le niveau, un blues planant, loin d'être un des meilleurs du groupe, mais plutôt honnête, avec un Robert Plant en forme, enfin, et avec une belle voix. Il parle d'amour, Page est en forme, le synthé donne une ambiance un peu planante... Bref, c'est quand même une belle fin.


Au global, si on a envie de pourrir les claviers, Page est le vrai fautif, il n'est plus vraiment là, ni à la composition, et à la guitare, c'est un peu intermittent sur l'album.


On notera la particularité que certaines démo sont mieux que les résultats finaux, plus brutes, ça aide un peu.

Et on notera aussi que parmi les chansons non retenues, trois (qui seront dans CODA) sont bien meilleurs que quasi toutes celles présentes ici : Ozone baby, Darlene et Wearing and tearing. Et là, Page est en forme, et John Paul Jones à sa place !! Non mais !


Bref, In Through the Out Door est un album très moyen, le dernier du groupe au complet. Page miné par ses problèmes d'addiction laisse la place créatrice à un John Paul Jones qui abuse trop du synthé, en plus de ne pas avoir les mêmes talents de compositeurs de Page (et ce n'est pas faire offense à Jones que de dire ça).

Il en reste donc un album mitigé, alternant le bon (In the Evening et I'm gonna crawl surtout), le able et le moins bons, quelques curiosités intéressantes à défauts d'être géniales.

Bref, première et dernière erreur de parcours pour l'un des plus grands groupes du monde(Le ?).


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le 16 mars 2025

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Docteur_Jivago

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