Sun Ra tient une place vraiment à part dans la musique : politique visionnaire et jazzman avant-gardiste, leader avec une cause et une direction. Et pas tant de compromis.
Space is the Place est l'un de ses albums les plus iconiques, représentatifs et célèbres. Et Dieu sait qu'il en a produit une palanquée : plus de 40, or compilations, live et posthumisation. Cet album est la bande originale du film évidemment éponyme qui parle de lui-même qui avait disparu à bord de son vaisseau spatial Arkestra. Il revient recruter des noirs pour coloniser des planètes. Cet album, au-delà d'un exercice de style musical, constitue également une opposition aux Black Panthers. En effet, plutôt qu'une lutte armée, Sun Ra prone pour la diaspora africaine la spiritualité, l'exploration de l'espace, la mythologie.
Je digresse, mais c'est important, c'est le coeur de la vision politique de Sun Ra. Elle n'est sans doute pas très concrête, cette vision, mais elle vise avant tout à mettre les afro-américains au coeur d'une nouvelle histoire.
Le premier titre de l'album, éponyme de l'album et du film est le plus intéressant : il occupe une face de l'album et propose du free jazz, du funk, du proto-électro, des improvisations, des sons tribaux, du psychédélisme.
La face B propose un jazz ou une musique atmosphérique plus "classique" (mais pas forcément plus facile d'accès).
En tout cas, pour les gens curieux de musique originale, ceci est un arrêt intéressant. Politiquement, je ne sais pas. Spirituellement, sans doute.