Comme pour Audio Vidéo Disco, le nouvel album de Justice ne plaira pas à tout le monde. Et pourtant, c'est sans conteste celui pour lequel ils ont du prendre le plus de plaisir : Voilà l'album Pop qu'ils rêvaient de composer, sans doute depuis bien avant †. A se demander si en 2007, ils n'étaient pas devenus DJs par défauts et qu'en vérité, ils ont toujours souhaité n'être que producteurs. D'ailleurs, qu'est-ce qu'ils attendent pour produire d'autres artistes/voix pops ? "Woman" est la preuve que leur patte marche toujours autant aujourd'hui.
Pourtant, ce n'était pas gagné. Comme beaucoup, à la sortie de "Safe And Sound", je n'ai entendu qu'un sous-"D.A.N.C.E", beaucoup plus plat, plus facile. Puis je l'ai laissé de côté et ne l'ai réécouté seulement dans le contexte de l'album entier, j'ai fini par apprécier cette orchestration à vent et ces chœurs d'enfants, plus propre et sans fioriture, sans ce tas d'effets "Ableton" de saturations, de glides, de warps et j'en e qui nous ont pété les oreilles à la fin de notre adolescence et dont la clique Ed Banger a fini par nous lasser.
Ce que l'on peut encore reprocher à cette collection de tubes, c'est d'ailleurs ce qui restent d'effets numériques, ce tas de reverbs et de filtres, empêchant de retrouver totalement la patte des années 70/80 tant chère au duo. Parce que n'en déplaise aux détracteurs, "Woman" est un album qui bien plus d'être un simple hommage à cette époque, tente de reproduire le son typique de ces années. Oui, vous entendrez des synthés utilisés aussi bien par Daniel Balavoine que Julien Clerc, grandes influences de Justice, comme vous avez pu le comprendre si vous avez écouté leur "XMas Mix" en entier.
Est-ce que cela est un défaut ? La question peut se poser. Simon Reynolds péterait sans doute un câble à l'écoute de ces imitations. Justice ne semble plus intéressé par la modernité et souhaiterait sans doute prendre une machine à remonter dans le temps pour jouer avec leurs pairs et côtoyer les charts à côté de Giorgio Moroder, Sparks ou Niles Rodgers (bien que les trois soient encore en vie et actifs). Cet album n'est pas une suite de "Random Access Memories" comme j'ai pu lire ici et là, mais bien une tentative de faire une œuvre différente avec des influences qui sont les mêmes. Deux visions rétro-nostalgiques du même univers.
Comme Daft Punk (et contrairement à des Breakbot, Mr Flash dont les dernières sorties étaient anecdotiques), Xavier de Rosnay et Gaspard Augé ont un véritable talent Pop, et on le constate dès la sublime seconde piste "Pleasure". J'ai par contre eu plus de mal avec les instrumentaux, comme "Heavy Metal" ou "Chorus", qui tirent en longueur sans ne pouvoir jamais atteindre la puissance de frappe de leur "Planisphere", car la production est justement trop lisse, trop cadencé pop. Un sourire néanmoins pour "Close Call", gros clin d’œil au groupe Space (dont il faudra que je vous parle un jour).
Vous l'aurez compris, j'ai apprécié cet album car les références me parlent et les techniques de compositions du duo se marient parfaitement à l'aura de l'époque, les deux ensembles permettant d'amplifier la magie d'un mysticisme nostalgique. Seuls Midnight Juggernauts arrivent à me provoquer des sensations similaires sur ce genre de musique dansante dans la musique actuelle. J'espère maintenant sincèrement qu'ils se mettent à produire, ensemble, pour tous, afin de virer Guetta des charts. Cela serait la suite logique, car j'ai du mal à imaginer ce que pourrait donner un quatrième album autre qu'une répétition.
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