Si depuis les films Avengers, Hawkeye jouit d'une certaine popularité auprès du grand public, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce ne fut pas toujours le cas. Il fut, en effet, surtout un personnage fait pour les fans, un pilier des vengeurs des années 80 où sa mauvaise humeur et sa misogynie offrait un intérêt réel en terme d'écriture. Mais depuis son apparition dans le film Thor en 2011, le grand public a découvert de nouveau Hawkeye, sous un nouveau jour.
Bien sur, je ne dis pas qu'il n'était connu que des spécialistes. Mais comme beaucoup de personnages il était totalement méconnu du grand public et, du même coup, des lecteurs qui se limitaient à lire ce qu'ils connaissaient via-différentes adaptations (cinématographique ou télé, car avant les séries il ne faut pas oublier les dessins-animés).
A la fin de l'année 2012, Matt Fraction se retrouve en charge du projet Hawkeye. Le but est de reparler du personnage de Clint Barton, le véritable Hawkeye. En effet, Kate Bishop avait hérité du pseudonyme. La thématique de Fraction est de se concentrer sur l'aspect normal du personnage qui est totalement héroïque mais totalement en marge des autres avengers car nettement moins forts. Hawkeye est un peu le moins bon d'une élite. Du même coup il est habitué au pire mais ne peut avoir la certitude de s'en sortir comme un Thor ou un Hulk.
Fraction décide donc d'écrire Hawkeye dans un style mi-urbain mi-espion, on n'est pas dans du Daredevil mais on s'en rapproche, on a une dose de James Bond en plus et pas mal d'humour. Hawkeye a cette habitude qui amène une confiance qui n'est pas, pour autant, aveugle. On évite de tomber dans le bad-ass ce qui rend le personnage attachant et drôle. L'humour est renforcé par la présence de Kate Bishop dans le scénario, un personnage tout aussi attachant dont la relation avec Hawkeye fraternelle, amicale voir amoureuse est également plaisante.
Pour ce qui est du dessin, David Aja fait merveille. Il faut dire que le dessinateur est connu pour son style, concentré, permettant aussi bien de prendre son temps que de faire le plein d'action. Le ton est également très urbain sans être dark, très jeune sans être teen, finalement on se sent dans cette moitié-jeune moitié-adulte, moitié-justicier moitié-looser, un peu héro et un peu trop violent, attirant mais pas trop sexy pour autant. C'est un cocktail dynamique de ce qui fait Hawkeye.
Javier Pulido fait également un bon travail avec son propre style, se focalisant davantage sur les visages que Aja et ayant une mise en page plus conventionnelle pour du Marvel. Cela reste, cependant dynamique et les angles de vues sont parfois très proches de ceux de Aja permettant de donner une unicité à l'ensemble.
Composés de 4 petites histoires indépendantes, dont une en deux parties, ce tome 1 de Hawkeye a le mérite d'offrir une bonne porte d'entrée pour le personnage. On en a pour son argent, y a du récit, de l'aventure, c'est plutôt beau. Aucune histoire ne se prend jamais trop au sérieuse et jamais on ne prétend changer la mythologie Marvel, on est dans des histoires simples et efficaces qui prétendent moins faire connaître Hawkeye que le montrer dans sa vie de tous les jours.
C'est beau, c'est plaisant, c'est complet, il y a des histoires réelles. Matt Fraction signe une belle porte d'entrée pour Hawkeye, efficace et à recommander !