Belle découverte que ce Saison de sang, riche d’un dénouement à la hauteur de son voyage haut en couleurs : non pas que celui-ci fut tonitruant, mais le coup de crayon enchanteur de Matías Bergara, rehaussé en prime par la superbe colorisation de Mat Lopes, permet à ce récit mutique de nous flatter comme il se doit la rétine.
Sous la plume de Si Spurrier, « Step by Bloody Step » nous gagne à sa cause avec une grandeur parcimonieuse : l’apparente simplicité de son parcours linéaire, au sens littéral comme figuré, tient du leurre pour mieux mettre en exergue le cycle des saisons, elles qui compartimentent le récit en quatre segments distincts. Avec pour décor un univers de fantasy quelque peu alléchant, bien qu’il le survole, les dialogues s’efface au profit d’une narration purement visuelle : d’une limpidité totale, comme en contradiction des mystères entourant son fil rouge, celle-ci se fait l’écho de ses atours graphiques pour mieux nous immerger.
Bien sûr, Si Spurrier ne réinvente pas la roue : les quelques révélations bien senties préfigurent son dénouement à la sauce « boucle », mais cette allégorie enjolivée et fantasmée du processus saisonnier n’en fonctionne pas moins, tout s’imbriquant à la perfection. Nos interrogations portent in fine davantage sur les « à-côtés » de cette quête délicate, dans la mesure où la répétition du cycle ne serait pas égale dans le temps, voire imparfaite ou faillible : mais soit, nous chipotons.
De fait, là n’est pas le propre de Saison de sang, celui-ci composant une fable formellement à tomber et un récit envoûtant : matière et onirisme y font bon ménage, au même titre que renaissance et fatalité, faces d’une même pièce fascinante.