C'est un film très particulier, très fin surtout, car Louis Malle parvient à aborder la guerre, l'horreur de la déportation, sans montrer frontalement la violence, et surtout en mettant beaucoup en avant les rires et l'insouciance de la jeunesse.
Jusqu'à une dernière partie qui glace le sang, il pose sa caméra dans une école catholique où tout ce qui est attrait à la guerre (résistance, collabo, peur) est en second plan, les gamins s'amusent et vivent, malgré les restrictions alimentaires ou les alertes. Il prend son temps et s'attarde aux petites choses de la vie, aux adieux, à de simples moments de joies dans une cours de récréations, au plaisir de braver de petits interdits, à la peur de se retrouver perdue en forêt ou à l'imagination provoquée par des aventureuses lectures.
C'est très bien écrit car ça ne l'est pas trop, il n'est pas question ici de représentation régulières et affreuses des nazis ou de la collaboration, on les voit même très peu. Louis Malle met surtout en avant une insouciance brisée par la haine et la répression. Une atmosphère mélancolique traverse Au revoir les enfants, une atmosphère où nous, spectateurs, savons ce qu'il se e derrière en fond, et que le quotidien des élèves peut être brisé d'un instant à l'autre.
La forme s'allie au fond, les mouvements de caméra sont fluides, comme l'impression que Louis Malle reste discret, pose sa caméra et laisse les évènements parler d'eux mêmes. Il sublime le cadre (l'école, les salles de classes, la cours, le temps hivernal ainsi que la forêt autour), tout est très bien exploité et participe à l'atmosphère et la réussite du film. Les jeunes comédiens sont très bons, il n'y a même plus d'acteurs, mais que des personnages, qui se fondent dans le récit.
Louis Malle signe un film où, dans la tristesse, il évoque des souvenirs insouciants où l'enfance découvre le monde, ses joies et sa cruauté, ainsi que l'humain, dans ce que il y a de bons (surtout) et de mauvais. Un film qui marque, et ne laisse pas indifférent.
Merci El Grande OG