« Je me suis débrouillé pour trouver vingt-cinq dollars avant qu’on parte. On peut savoir comment t’as trouvé 25 billets ? »
Deux billets avant-première
Une fille d’attente, un Big Fernand et un grand Rex
« Quand nous on est convoqués par la police, nous ouvriers, par exemple on n’a pas d’immunité ouvrière, désolé on y va ».
Tenus d’honorer leur serment, le club des ratés, c’est ainsi qu’il aime se faire appeler, s’enfonce dans l’Etat du Maine pour regagner Derry, la ville qui l’a mis en cloaque. Ses artères expulsent à nouveau le sang d’âmes innocentes soumises à l’appétit vorace d’un saltimbanque ayant pris la maxime d’un de ses confrères « ferme-la à tout jamais toi » au sens littéral. Nos héros ne l’entendent pas de cette oreille. En résulte une mésentente pyrotechnique et tympanticide de 2 heures et 49 minutes.
« Funny how? Funny like I’m a clown? I amuse you? I make you laugh? I’m here to fucking amuse you?”
Pesci bête. Cette réplique remarquable suffit à elle seule à expliquer le désarroi qui m’a envahi pendant toute la déjection. Muschietti avait averti que ce deuxième épisode serait plus sombre que le premier. Effectivement, je ne vois plus rien.
S’agit-il d’une comédie ? D’un film d’épouvante ? D’un film d’horreur ? De tout ça à la fois ? Le comic relief est en roue libre et force le spectateur à marcher avec des béquilles. Eddie Kaspbrak et micmac. Victime collatérale de ces rires programmés : adieu la singularité !
Ce n’est pas notre nez rouge aux algues orange et au blanc décollé qu’on craint mais plutôt le moment où une blague va s’abattre pour réduire ses frasques à néant. Il est vrai que faire peur est une chose bien sérieuse mais faut-il en avoir honte?
"C'est pas bon? Si. Bah alors pourquoi vous tirez cette gueule d'enterrement? Ça panse pas. Vous êtes barbouillé? Je pense à elle. À qui? À votre femme. Ah bah faites comme moi mon vieux oubliez-là".
It - Partie 2 n'échappe malheureusement pas à l’Alzheimer post-meurtre typique des merdes hollywoodiennes : les disparus, eux aussi, n'ont le droit qu'à 5 minutes de recueillement.
« I want you to put an equal amount of blueberries in each muffin. Do you know how long that is going to take? I don’t care how long it takes. Put an equal amount in each muffin”.
L’autre saloperie de cette œuvre est qu’elle souffre de graves problèmes de rythme. Chaque scène semble sortir des cuisines d’un fastfood : elles n’excèdent pour la plupart jamais cinq minutes. Sur presque trois heures, prendre son temps relève de la plaisanterie. Sauf pour acheter un vélo. Le cinéaste semble avouer maladroitement son erreur lorsqu’il fait répéter, dans un souci de clarté, plusieurs fois à ses personnages les mêmes informations.
La construction des scènes perroquette et fait chanter ses gros sabots: découverte d’un lieu, apparition du clown, poursuite, évasion. Les défauts de la partie 1 se retrouvent amplifiés.
Qu’on ne s’y trompe pas, élaguer ou enrichir un pavé de plus de 1000 pages est une tâche difficile. Quel plaisir de constater que la scène d’ouverture de ce deuxième volet est aussi maîtrisée que celle du premier. C’est après que les choses se corsent. A mon grand regret, l’une des meilleures scènes d’anticipation de cette partie 2 a été jetée. Et bbobo à Bowers….
Harry Torpeur et la bière philosophale
Possible hommage à certains films d’action des années 90, Mike, en plus de copier les déplacements d’accents toniques de Bill, se mue en philosophe à la fin du film. Chez Hanlon, des cicatrices évaporées signifient que dans notre existence, rien n’est éternel. Toutes les invectives lancées à Brigitte Bardot allaient déjà dans ce sens.
« Je comprends absolument rien à ce que tu racontes. Comment veux-tu que j’aille au bal avec elle, puisque tu me dis qu’elle y va avec toi ? Parce qu’elle tient vraiment à y aller avec toi»
On ne sait où diriger ses pupilles, c’est de l’AR10, ça part dans tous les sens : en haut, en bas, à gauche et à droite. Ça secoue, ça rebondit, ça n’est pas lisible et ça fait beaucoup de bruit. Beaucoup de bruit pour rien.
« Why go to her? Why not come to me first? Honestly? I was looking for somebody who cared about the kid. I mean, like I said, you were the one that made him take the years, right?"