Cinq ans après la plutôt bonne surprise Don't Breathe La Maison des Ténèbres et comme ils en ont l'habitude au moindre petit succès, les producteurs décident d'offrir une suite au film de Fede Alvarez en espérant sans doute embrayer sur une lucrative franchise. Après le home invasion qui tournait au survival tendu en s'appuyant sur l'idée forte d'une victime se complaisant soudainement en bourreau, ce Don't Breathe 2 reprend la formule en prenant à peine le temps d'écrire un scénario qui ne soit autre chose qu'un vague prétexte pour réintroduire au forceps les éléments du premier film.
On retrouve donc ce brave Norman Nordstorm qui vit paisiblement en élevant comme il se doit , c'est à dire à la dur, une orpheline à qui il fait croire qu'il est son père. Et patatras manque de chance, une bande sauvageons s'introduit dans la maison familiale afin de kidnapper la gamine obligeant l'aveugle énervé à reprendre du service …
Conscient qu'il ne pouvait reprendre à l'identique la trame du premier film ni jouer sur le même effet de surprise, ce second volet toujours écrit par Fede Alvarez et Rodo Sayagues joue à la fois la carte du pas de côté, de la surenchère et du presque pareil. Ce bon Norman s'humanise et devient à l'image du Terminator le protecteur d'une gamine en péril, on multiplie les adversaires histoire de masquer des enjeux bien pauvres et en obligeant le personnage à poursuivre les méchants jusque dans leur antre on fait sortir le personnage pour l'ouvrir vers l'extérieur et ainsi quitter le cadre du homme invasion pour un banal vigilante movie. Du coup on parvient à flinguer en un seul film la singularité et l’ambiguïté du personnage, une bonne partie de la crédibilité de ses actions (dans le premier film la parfaite connaissance topologique de sa maison permettait de croire au déement de son handicap), tout l'aspect oppressant du huis clos et l’efficacité bien carré d'un concept qui se perd ici dans les volutes et circonspections d'un scénario bourré de facilités et d'incohérences. Car pour faire avancer l'intrigue du film ce Don't Breathe 2 nous sort une histoire à dormir debout de trafic d'organes, de méchants toxicos, de vrais parents pas gentils, de gentil clébard qui fait office de GPS, de rédemption et d'un voyou sans pitié mais qui d'un coup décide d'aider Norman alors qu'il a pourtant l'occasion d'en finir histoire de relancer la machine grippée d'un suspens poussif et artificiel. Car quand on regarde le scenario de de ce Don't Breathe 2, on est tout de même en droit de se dire que tout ceci est un peu con sur les bords et pas beaucoup plus fin sur le milieu.
Alors bien sûr le charismatique Stephen Lang fait encore le boulot, la jeune comédienne Madeline Grace est convaincante dans le rôle Phoenix et le film comporte encore quelques saillis de sauvagerie qui percutent l'écran et deux trois moments de tensions particulièrement réussis, mais cette banale histoire de vengeance s'articule globalement sur des rouages un peu trop grossiers pour être tout à fait crédible. Peut être plus gênant encore le film laisse cette sensation de préparer le terrain à une potentielle franchise dont le personnage ne pourrait pas être complètement négatif, le revirement permettant de trouver l'adhésion d'un plus large public.
Je n'irais pas jusqu'à dire que ce second film dénature profondément le premier, mais il amorce sans direction assistée un virage pas forcément très heureux. Après on ne va pas non plus pour les besoins de suites à répétitions multiplier les invasions de l'intérieur de chez ce brave Norman afin de lui offrir moult occasions de se défouler … On aurait peut être juste pu garder Don't Breathe comme l'excellent et unique petit film qu'il était .