La Party

Je ne comprends rien à la filmographie de Stanley Donen...
Un coup de génie, un coup d'épée dans l'eau. Parfois la même année.

Autant le dire tout de suite, là on est dans la catégorie ratage; sorti pour Noël, le film a fait un flop à sa sortie, et n'est guère visible, on comprend pourquoi.
Adapté d'une pièce de théâtre à succès (soupir), le film aurait pu se contenter d'être une comédie délirante. Au lieu de ça, il veut se doubler d'un fond de description des héros américains de la deuxième guerre mondiale et de leurs états d'âme, et ça ne prend pas.

Andy Crewson (Cary Grant), le lieutenant McCann et Mississip sont des aviateurs têtes-brulées en mission sur une base américaine du Pacifique. Crewson, l'embobineur, leur invente quatre jours de permission qu'ils vont er à San Francisco. Ils négocient la plus belle suite d'un palace et y organisent derechef une fête, faisant livrer un juke-box, des boissons, et y attirant les femmes en laissant courir le bruit qu'il y a un stock de bas dans leur suite. La première à frapper à la porte (qui restera ouverte les quatre jours suivants) est Jayne Mansfield, OVNI à mi-chemin entre l'extra-terrestre de Mars Attacks pour le déplacement sur coussin d'air et de la petite locomotive pour le son. Elle a un rôle très mineur, et c'est très bien comme ça.
Vont ensuite er cette porte, des membres de l'armée qui veulent leur faire signer des papiers, leur faire er des examens à l'hôpital militaire, des chefs d'entreprise qui veulent les utiliser pour leur com, et une jeune femme, fiancée à l'un d'eux. Chacune de ces entrées sera prétexte pour le trio (en robe de chambre chinoise de soie) de changer d'humeur, et de révéler différentes facettes du combattant. L'envie de rentrer chez soi, la fierté de combattre pour une noble cause, la peur de retourner à la vie civile et de perdre son statut de héros qui offre bien des commodités, la peine pour les amis perdus au combat. Tout ça est complètement raté, mal joué (même Cary, oui, oui), lourdaud. Que ne continuent-ils à picoler des stingers en dansant ?

Histoire d'amour me direz-vous ? Oui, alors Gwyneth il y a. Coup de foudre il y a. En une soirée, elle quitte son richissime fiancé pour Crewson. Apparemment, Suzy Parker était la première top-model de l'histoire*, et la première à tenter la reconversion au cinéma. Et ça non plus, ça ne prend pas.

J'ai failli périr d'ennui. A part une charmante scène à la fin (quand le niveau de tolérance est devenu tellement bas, qu'on se réjouit du moindre bon mot) entre Cary et Suzy ; pendant que tous s'amusent au salon, elle vient le retrouver dans la chambre. Couchés sur le lit, ils ont une conversation sur l'amour, le couple et leur avenir, joliment dialoguée en ellipses et piques. Et Cary joue avec ses mains, et ça, ça me fait de l'effet.

Stanley, n'oublie pas que tu es un danseur.

* spéciale dédicace pour Bestiol : sa meilleure amie Coco Chanel était la marraine de sa fille Georgia Belle Florian Coco Chanel de la Salle

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le 14 sept. 2011

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Gizmo

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