Ésotérisme à la coréenne.

Ce n’est pas nouveau – cela dure même depuis deux bonnes décennies maintenant – le cinéma sud-coréen est souvent à la pointe de l’innovation et de la qualité, à tel point qu’il rivalise et qu’on le compare souvent avec le cinéma américain. Les films venant du Japon et d’Hong-Kong ne sont pas en reste mais on doit tout de même à la Corée du Sud des perles comme « Old Boy » ou le multirécompensé à travers le monde « Parasite », de Cannes aux Oscars. Leur cinéma touche quasiment à tous les genres même si c’est dans le cadre des polars, thrillers et films policiers qu’ils sont les plus remarquables (on pense à « Memories of Murder », « The Chaser » ou encore à l’incroyable et tétanisant « J’ai rencontré le Diable »). Mais ils ne sont pas en reste pour les films de genre quand bien même le cinéma nippon sera peut-être plus célèbre pour cela avec des œuvres cultes comme « The Ring » ou « The Grudge ». Néanmoins, il y en a surtout un qui nous vient en tête, un chef-d’œuvre auquel ce « Exhuma » fait d’ailleurs lointainement penser : le monument de trouille « The Strangers ». Un film terrifiant et magistral qui mêlait enquête policière et ésotérisme, un peu comme ici sauf que c’est bien moins marquant et réussi hormis le début qui fait illusion.

C’est vraiment dommage car le scénario de cet « Exhuma » fait preuve de beaucoup d’originalité et nous intrigue dès le départ. On y parle de croyances ancestrales, de malédiction et de métiers et pratiques totalement oubliées ou inconnues chez nous comme la géomancie ou le chamanisme. On y suit donc une équipe de quatre personnages chargés débauchés pour une mission par le patriarche d’une riche famille sud-coréenne établie aux États-Unis : celle de déjouer ce qui semble être un sortilège tombé sur son jeune fils venant de naître. Pour cela, ils vont aller exhumer une tombe d’un aïeul de ladite famille à la frontière des deux Corées et déterrer quelque chose qui ne leur veut pas du bien.

Ladite équipe, composée d’un géomancien, d’un croque-mort, d’un chaman et d’une médium, est plutôt iconoclaste tout comme cette histoire est prometteuse, aussi bien par son sujet que son contexte et les développements qu’elle prend. Incongrus mais jamais risibles, les personnages sont peu communs et les prémisses nous happent. Quand pointe le fantastique, il y a même plusieurs moments inquiétants et malaisants qui nous font tressaillir. Après une bonne heure, soit à la moitié du film, l’arc de l’intrigue semble se clore et on a é un plutôt bon moment hors des sentiers battus. Cependant, « Exhuma » repart de plus belle sur une autre intrigue, comme cachée encastrée au sein de la première. Pourquoi pas... Sauf que la suite est beaucoup moins aimable et réussie.

En effet, tout ce qui faisait le sel de « Exhuma », c’est-à-dire la suggestion, le mystère et une intrigue touffue mais qui restait claire, s’évapore. On part dans une seconde partie qui s’avère inutile au final et qui vire à la surenchère. Elle aurait pu être aussi bien que ce qui a précédé mais tout est excessif, frôle parfois le ridicule et surtout nous fatigue. La menace est montrée trop frontalement et ferait d’ailleurs plus rire que peur plus elle est tangible. S’il n’y avait que cela... On a ensuite des rebondissements incessants assortis à des déductions bien trop faciles de l’équipe en charge qui deviennent vite improbables. Quant au script, il évoque ensuite plein de choses en rapport avec l’histoire commune de la Corée du Sud et du Japon, ainsi que de beaucoup de références culturelles qui sont impossibles à comprendre pour le spectateur occidental. Qui plus est, on se rend vite compte que les personnages ne sont jamais creusés ou approfondis et ne sont que les rouages mécaniques du script. Ajoutons à cela des effets spéciaux douteux et cette seconde moitié aura presque annihilé la réussite de la première. Bref, un long-métrage qui aurait dû approfondir sa première partie et laisser la seconde sur la table de montage!

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