Ce film, à l'instar du roman, est d'abord un modèle de construction narrative : le présent de l'enquête se mêle au é du couple, via le journal d'Amy puis au "é recomposé" de cette dernière avec le hors champ de sa disparition. Comme dans le récent Mademoiselle, autre grand film de manipulation, le scénario fait constamment évoluer notre regard sur les personnages au fil de ce que l'on découvre sur eux : Nick, le mari, ce brave type qui s'avère être un cont peu fiable dont la faiblesse de caractère n'a d'égal que sa lâcheté, lâcheté qui d'ailleurs le poursuivra jusque dans son choix final (au grand désespoir de sa sœur) ; et Amy, personnage fascinant, dont on sent venir de loin le côté mante religieuse mais qui dans son rôle de perverse manipulatrice est particulièrement convaincante (très belle composition de Rosamund Pike).
Mais au delà du simple thriller, Gone Girl est aussi un film sur l'Amérique. Fincher y dessine l'image d'une société toujours prompte à détruire ses icônes. Nick, archétype du beau mec sympa, iré dans un premier temps puis en semi chômage et sans enfant (donc moins irable tout à coup) est irrémédiablement rattrapé par la traque orchestrée dans l'ombre par sa femme. Et si certaines vérités peu reluisantes émanent de ce double essorage judiciaire et médiatique, c'est surtout la capacité de nuisance et l'aveuglement des télévisions que le film pointe du doigt. Le film s'inscrit aussi en contrepoint vis-à-vis du pouvoir phallocratique (incarné aujourd'hui par Trump) puisque l'on remarquera que ce sont ici les femmes qui mènent la danse - la femme flic, la femme journaliste et la femme fatale - tandis que les hommes - le flic adt, le père de Amy, Dess et Rick - sont cantonnés à des rôles de faibles ou de naïfs.
Au final, un film d'une grande maitrise dont les éléments s'emboitent parfaitement, un peu à la manière du Prisoners de Villeneuve, et que j'ai suivi pour ma part avec un réel plaisir.
Personnages / Interprétation : 8/10
Scénario / Histoire : 9/10
Mise en scène / réalisation : 8/10
8.5/10