C'est une histoire simple que nous propose la réalisatrice Carine Tardieu. Enfin, quand je dis "simple", c'est dans le sens noble du terme. Les petits bonheurs et les grands drames que vivent les personnages de ce film pourraient arriver à tout le monde. L'ensemble s'étale sur dix-huit mois, les tout premiers de l'existence de la petite fille d'un jeune veuf, incarné par Pio Marmaï ; jeune veuf qui doit affronter seul la paternité, néanmoins aidé par sa voisine, qui fait, elle aussi, de son mieux face aux circonstances. Pourquoi dix-huit mois ? Ben, pourquoi pas. Certes, l'intrigue aurait pu tout à fait s'étendre jusqu'aux dix-huit ans de l'enfant, mais le long-métrage aurait duré plus de vingt heures (après, je n'ai rien contre une série sur le sujet, étalée sur plusieurs saisons !).
L'Attachement, car c'est le sentiment qui ressort le plus, non seulement de la part des protagonistes, mais aussi des spectateurs (étant donné qu'on ne peut qu'entrer en empathie avec nos semblables !). Donc, on suit des gens comme nous, réagissant comme nous, avec leurs qualités et leurs défauts, traversant une histoire qui aurait pu se dérouler n'importe où (ce qui est souligné par le fait que ce n'est jamais particulièrement mis en avant que c'est tourné à Rennes ; pour bien appuyer mon propos, si je n'y avais pas fait une partie de mes études et s'il n'y avait pas dans le film un plan bref d'un des bus de la ville ainsi qu'une courte scène, filmée sur les quais longeant la Vilaine, j'aurais été incapable d'identifier le chef-lieu de la région Bretagne !).
La mise en scène reste sobre, tout comme l'interprétation. Le trait n'est jamais forcé. Tout ceci renforce la sensation de justesse. Et si je regrette que le personnage incarné par Raphaël Quenard soit sous-exploité, Vimala Pons (pas loin de voler la vedette de ses partenaires, malgré l'incontestable solidité du talent de ces derniers... bon, c'est peut-être aussi parce que je suis un peu amoureux !) prouve, encore une fois, que c'est une artiste aux multiples facettes, aussi à l'aise et accomplie dans le registre dramatique que dans la comédie loufoque, le théâtre expérimental ou le circassien. J'ai trouvé sa performance particulièrement touchante.
Sinon, et pour conclure, L'Attachement n'a pas du tout l'ambition de nous professer, de nous assener le moindre discours, uniquement de nous faire partager une belle petite tranche de vie. Et c'est beaucoup. Souvent, les histoires simples sont les plus bouleversantes.