Donnadieu sans confession (Highway to Hell)
En voilà une surprise, un film où on commence à se parler en Hollandais! Alors bien sûr quand on est averti que c'est une coproduction néerlando-française on ne doit pas s'en formaliser mais avouons quand même qu'on ne connaît à peu près rien du ciné de cette partie de l'Europe, qu'on a rarement ramené le ciné batave jusqu'en pleine lumière. En voilà une seconde surprise, en regardant Spoorloos, on tourne et retourne un vrai bijou parfaitement méconnu sous ses yeux; Le genre de découverte qui peut nous faire briller en société, nous faire er pour un critique émérite auprès de nos amis les plus cinéphiles.
Portrait-robot d'une réussite:
1)Sluizer maîtrise l'art de l'esquive bien mieux qu'Abdellatif Kechiche. Spoorloos ça veut dire "La Disparition" en Français et c'est aussi le titre du remake américain, et Sluizer joue habilement autour de l'attente de cet évènement.
2) Le rythme du film désarçonne et tient la distance: d'abord chronique d'une catastrophe annoncée, de la séparation d'un couple nageant en plein bonheur ou à peu près (d'ailleurs on n'a jamais croisé de couple Hollandais aussi raffiné et sympathique sur aucune aire d'autoroute du Sud de la ), on évolue vers un face-à-face ahurissant entre le mari éplorée et le kidnappeur, sur le mode d'une road-movie tragi-comique (le récit de Donnadieu, un quasi roman de formation filmé, est une chouette idée). Le tout avec pour seul vrai fil conducteur, un suspense au cordeau.
3) La performance d'acteurs qui ne flanchent jamais. Les atomes crochus de nos deux néerlandais sont très bien huilés, le désespoir de Rex (le mari) jamais surjouée, et Bernard-Pierre Donnadieu glaçant tout en étant du reste très cordial et chaleureux introduit le film dans la lignée de ces thrillers qui ne se résument pas à un simple jeu de survie mais proposent un questionnement du rapport au Mal, c'est-à-dire au malheur (avant d'être un criminel, Donnadieu c'est surtout un foutu hasard sur pattes).
4) Le sens de la mise en scène et de l'ellipse de Sluizer qui ménagent et permettent un final génial, final qui vous cueille peut-être à froid mais pourtant inéluctable à bien y repenser. J'ajouterai que malgré ce que j'ai pu lire plus tôt dans d'autres critiques de SC sur ce film, la réalisation me semble visuellement très au point. Mais c'est vrai qu'on n'a pas tellement l'habitude de s'extasier devant un plan d'aire d'autoroute, de station Total...
De quoi accepter avec plaisir de monter dans la voiture de Raymond/ Donnadieu.