Collection "Tentations par mes éclaireurs" : JimBo Lebowski
Rio de Janeiro, années 1960 : La pauvreté, le trafic de drogue, la violence, les guerres urbaines règnent dans une des banlieues appelée "La cité de Dieu". "Fusée" est un gamin qui a vécu dans cette banlieue et il nous la raconte.
Fernando Meirelles, pour son troisième long-métrage, braque sa caméra au plus près des protagonistes. Il met en scène une banlieue où la pauvreté sévit et la violence et le crime font partis intégrante de la vie et ce à travers un narrateur (qui nous livre ses pensées à l'aide d'une voix-off) qui a vu l'évolution de ce quartier sur deux décennies. Un narrateur qui se retrouve très vite au milieu de cette violence mais qui arrive à ne pas en être un protagoniste. Rêvant d'une vie meilleure et surtout rêvant d'être journaliste, il pose son regard sur plusieurs personnages et notamment un caïd qui rentre dans le "métier" très jeune avant de régner violemment sur le quartier.
Les histoires sont habilement liées, notamment grâce à un montage efficace et maîtrisé et ont toutes pour point commun "Fusée" qui nous les présente. Très bien rythmé, le cinéaste brésilien nous fait emmène littéralement dans ce quartier et nous fait vivre ces destins au plus près des protagonistes. Usant de plusieurs effets de styles et de mouvements de caméra rapide, il retranscrit très bien toute la violence de ce quartier. On ressent le soucis de réalisme de la part de son auteur et il y arrive, notamment grâce à une reconstitution plus vrais que nature de la vie dans cette banlieue, de dialogues qui sonnent toujours vraie et des acteurs très convaincants.
Il met en place une atmosphère lourde et fascinante, à travers un récit qui lui est ionnant et très bien écrit. Meirelles n'hésite pas à de scènes chocs mais sans pour autant que ça en devienne lourd ou répétitif, mais surtout il nous fait ressentir toute la puissance et l'intensité du récit. On e par divers sentiments, du dégoûts à des joies, parfois éphémères. Il retranscrit toute la dureté du récit et les conditions dans lesquels grandissent ces gens, tout comme le fait que la violence engendre la violence et peut monter à la tête de n'importe qui.
Du cinéma qui prend aux tripes, un film ionnant, dur, bouleversant et intense. Une chronique d'un quartier dans lequel la violence est quotidienne et ancré dans les habitudes, où l'on tire une balle comme on décroche son téléphone.