Un professeur propre sur lui arpente un désert à la recherche d'insectes rares ; il s'endort, rate le dernier bus et est obligé de dormir chez les locaux, dans une maison de bois cachée en bas d'une falaise et qui abrite une femme pour le moins étrange. La quasi-totalité du film repose sur cette maison et cette femme.
L'image et la musique offrent une véritable expérience sensorielle. La mise en scène est magistralement esthétique et hypnotique. Elle fait montre d'une remarquable maîtrise de la lumière, des textures et des jeux d'ombres sur les corps et les décors. L'atmosphère de la "Femme des sables" se situe aux marges du fantastique ; elle titube sans cesse sur un fil entre l'allégorie métaphysique et le thriller horrifique et à tout instant, l'on s'attend à ce que le film bascule brutalement d'un côté ou de l'autre.
Très rapidement, une relation complexe et contrastée s'installe entre le professeur et la femme. Cette créature des dunes est tout à la fois fantôme inquiétant à la silhouette de Sadako et succube, golem érotique façonné par le sable. Ce dernier est en effet partout, il s'infiltre entre les planches du toit, assèche les gorges, forme une seconde peau (le plan du sable collé sur le corps nu de la femme !) et surtout s'accumule fatalement dans ce gouffre qui abrite ou plutôt piège la maison et qu'il faut remonter pour éviter l'enfouissement.
Il est aisé de se laisser captiver par les images et de se ionner pour le sort absurde de ce héros anonyme, épousant l'incompréhension de sa condition ainsi que ses espoirs pour s'extirper de cet océan minéral. Mais il peut également s'agir d'une mise en images camusienne du mythe de Sisyphe, remontant nuit après nuit, non pas une pierre, mais des paniers de sable. L'introspection du jeune professeur lui est dans tous les cas alors nécessaire pour accepter son sort et trouver une certaine paix intérieure.
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