Sous la ronde gronde ma fronde

Décidément, la vision de ces (grands, souvent) classiques français me plonge dans un abîme de perplexité. Ainsi, je trouve dans "La ronde" un point commun avec "La règle du jeu" (mais pas beaucoup plus, hein ? Parce que je préfère de beaucoup cet Ophüls au Renoir).
Je me suis en effet longtemps tenu éloigné de ce genre de cinéma et de cette époque (bon, grosso modo les années 40 et 50 puisque l'un est de 1939 et l'autre de 1950) parce que j'ai longtemps considéré (à tord, donc) que ces œuvres étaient un brun guindées, souvent volontiers moralisatrices (et tout cas d'une morale obsolète), en deux mots, un poil trop vieux jeu, quoi.

Or je me rends compte que c'est moi le vieux schnock, en fait.

Dans la Ronde, comme dans la règle du jeu, (donc) on parle d'amour peut-être, mais d'amour physique ! On multiplie les expériences, les partenaires, on est pas loin de l'échangisme ! Et donc que voilà mon côté fleur bleue heurté ! Ou sont les sentiments dans tout ça ? Je le demande ! Et je suis à deux doigts de m'insurger !

Cette froide interrogation émise, reste un film qui, dans sa partie visuelle, est une splendeur.
A cette image, cette scène d'introduction parfaitement, complètement féerique. Je l'ai intégré direct dans ma liste "un film, une scène", c'est vous dire.
En gros, un monsieur loyal malicieux nous explique comment fonctionne la magie du cinéma. Comment on e de ce qui ressemble à un décors à ce qui ressemble à un extérieur, comment on change totalement d'ambiance, en un seul et magnifique plan. Magistral.
Derrière, c'est la principe d'un film à sketchs, dans ce que cela a d'inégal, mais ici d'un très haut niveau. Les plans sont tous plus beaux les uns que les autres, les acteurs sont parfaits (Signoret en péripatéticienne qui désire plus que tout un petit coup avec un jeune militaire, sous un escalier de rue, respect !) et l'ensemble transmet un plaisir continu et hypnotique.

Tiens, le plaisir. Notion intéressante. Et si j'en faisais le sujet de ma prochaine caie ?
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le 9 nov. 2011

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guyness

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