Première des 12 collaborations entre Gilles Grangier et son acteur fétiche Jean Gabin, "La vierge du Rhin" est un film noir assez plaisant, mais bien trop basique et prévisible pour déer le cadre du petit divertissement à découvrir une fois, et une seule.
Les personnages se révèlent en effet archétypaux, manquant singulièrement d'épaisseur et d'ambigüité pour donner une certaine profondeur au récit : on a le brave type au lourd é (Gabin), la fille de marinier loyale et amoureuse (Nadia Gray), la femme fatale synonyme de garce (Elina Labourdette), l'ancien ami devenu traître (Renaud Mary), le sale type lâche et vénal (Claude Vernier)...
Pourtant, lorsque le film semble jouer la carte du whodunit dans sa seconde moitié, on pense que Grangier en profitera pour rebattre les cartes, avec pourquoi pas un personnage ambivalent permettant d'offrir un dénouement inattendu. Las, il n'en sera rien, et la fin sera aussi convenue que le reste.
Néanmoins, si "La vierge du Rhin" reste plutôt agréable, c'est grâce à la plus-value constituée par son décor fluvial et son univers des mariniers.
Même si ce cadre inhabituel reste sous-exploité, son atmosphère typique confère au film un charme singulier : on prend plaisir à visiter la péniche du capitaine Meister (Olivier Hussenot) et les bureaux de la compagnie de navigation, sans oublier quelques vues de Strasbourg et son imposante cathédrale.