Le Fanfaron
7.8
Le Fanfaron

Film de Dino Risi (1962)

A tombeau ouvert.

La caméra embarquée sur la voiture file à tombeau ouvert dans une Italie accablée de soleil en ce quinze aout entièrement consacré à l’oisiveté. Le décor est planté, et la tonalité pour le traiter : le Fanfaron suit la trajectoire d’une comète al dente qui laisse dans son sillage les remous de la vie quotidienne agités par le age d’un personnage haut en couleur.
Vittorio Gassman, le grand, l’unique, porte le film aux côtés d’un Trintignant qui semble préparer le rôle de janséniste apprenti qu’il jouera chez Rohmer quelques années plus tard. Effacé, timoré, il embarque un peu malgré lui et s’ouvre progressivement à la vie telle que la conçoit son fumiste de comparse.
On connait le goût de Risi pour dresser un portrait panoramique de la société italienne. Le road movie y est particulièrement propice : ici, on parle anglais, allemand et latin, on e par la plage et les restaurants. Bruno taxe, s’incruste, drague et distille une leçon d’hédonisme gentiment malhonnête à son copilote qui craquelle de plus en plus le vernis des convenances. Bruno est un élément perturbateur, un révélateur et un archétype : c’est la contradiction incarnée, d’une mauvaise foi anthologique, la quintessence de l’italianité, avec toute la tendresse et l’irritation qu’elle peut générer. Roublard, fustigeant la notion d’effort, les études ou Antonioni, pragmatique, il peut se révéler d’une clairvoyance rare, à l’image de son irruption dans la famille de Roberto, dont il cerne instantanément les secrets et les contradictions.
[Spoils]
Soucieux de faire se croiser les destinées, le récit va proposer en écho à l’ouverture de Roberto une incursion intime pour Bruno : sa femme, sa fille et son amant seront les derniers éléments d’une comédie humaine aux enjeux soudain plus forts pour lui. Si cette partie traine un peu en longueur et que l’accident final est un peu trop prévisible, cela ne nuit pas au charme de l’ensemble, où le regard du cinéaste semble avoir trouvé le relai idéal dans ce personnage fort en gueule, anticonformiste et attachant.
(7.5/10)
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le 20 nov. 2014

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Sergent_Pepper

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