Il fut un temps - j’étais très jeune et rempli de pseudo certitudes - où je n’aimais pas le cinéma de Douglas Sirk. Un jour pourtant, je me suis trouvé par hasard devant la diffusion de ce film à la télé et suis resté rivé sur ma chaise jusqu’à la fin, ne pouvant me détacher des méandres de cette somptueuse histoire d’amour en temps de guerre (la fin de la seconde guerre mondiale pour être plus précis). Les deux héros - interprétés superbement par Liselotte Pulver et John Gavin - traversent ce moment crépusculaire de l’histoire mondiale en portant le poids de l’humanité et de ses tares. Plus tard, le grand John Huston tournera un film similaire, situé dans une autre grande époque de chaos (la guerre de cent ans) et au titre très voisin (Promenade avec l’amour et la mort). Mais Sirk montre là qu’il est lui aussi un grand parmi les grands. Chaque plan est pensé, exécuté de main de maître, sa direction d’acteurs est prodigieuse et la fin arrive de ce fait comme une fatalité inéluctable, désenchantée mais pas désespérée. Malgré tout, il faut continuer à croire en l’être humain, c’est le message permanent du cinéma de Douglas Sirk, dont l’œuvre est à découvrir pour ceux qui ne la connaissent pas encore.