Je me dois de dire que j'ai vu ce film en version doublée en français, ce qui doit lui ôter un peu de sa force.
C'est prévisible mais assez bien ficelé. On se centre principalement sur Hans Mertens, ancien médecin complètement ivre et amer, qui squatte dans un appartement éventré au milieu de Berlin en ruine. Des gamins courent dans les rues, beaucoup d'immeubles sont ouverts au vent. Un cabaret a réouvert, les filles n'y sont pas farouches. Un voyant essaie de dire aux gens ce qu'ils veulent entendre pour survivre. Il y a aussi Bruckner, un homme énergique et truculent qui essaie de relancer le négoce en convertissant une usine de casques en usine de casserole.
Une jeune femme, revient dans son ancien appartement. Mertens se montre très aggressif alors qu'elle essaie de faire en sorte que la colocation se e bien.
Mertens a des crises de PTSD. On comprend que Mertens est un ancien nazi, et Bruckner, sous son air jovial, est son ancien officier, qui a ordonné un massacre incluant des femmes et des enfants en Pologne, même le soir de noël.
La même année, Le criminel abordait la question de l'impunité dont bénéficie des acteurs du génocide. Il est bon que l'absence de dénazification soit rappelée, mais le film ne le fait qu'à partir d'un cas particulier, si bien qu'on ne sait pas si on se situe dans une écriture romanesque qui invente une situation dramatique ou s'il s'agit d'un documentaire.
Dans le genre, Allemagne année zéro le fait mieux (dans les livres, il faut surtout lire Automne allemand de Stieg Dagermann).
Si le film ne creuse pas autant son propos qu'il le pourrait, en en ant évoquant le traumatisme des agents et les tentatives des responsables de fuir la justice, il réussit du moins à capturer cette ambiance irréelle de cauchemar qu'ont décrit tous ceux qui ont vécu dans l'immédiat après-guerre en Allemagne. Au niveau réalisation, c'est intéressant. Souvent, il n'y a pas de clair distinction entre intérieur et extérieur (du fait de décor en ruines) ; les ombres sont très marquées, sauf à quelques moments où l'éclairage se fait plus sfumato, comme si les corps peinaient à se détacher de la pénombre. Les cadrages et le montage privilégient les échanges entre personnages (c'est un film très dialogué, c'est sa principale faiblesse). Il y a quelques plans mémorables, et notamment celui où Bruckner est comme happé par l'ombre projetée de Mertens : de l'expressionisme de film noir classique, mais qui marche bien.
Les assassins sont parmi nous est un peu trop bavard pour son propre bien, mais il aborde le sujet de la responsabilité et de la nécessité de ne pas laisser les criminels dans l'impunité. En cela la démarche est louable.