Vu la bande annonce et le pedigree (moisi) Netflix, je ne comptais pas voir ce film. C'est la critique d'Ecran Large qui m'a convaincu que tout n'était peut-être pas à jeter, alors j'ai tenté le coup, sans grande conviction.
Et finalement, j'ai beaucoup aimé.
Alors non, c'est pas un chef d'oeuvre, mais ça n'en a clairement pas l'ambition. Et un film honnête et viscéral en 2025, rien que ça, purée ça vaut son pesant de pop corn.
Alors oui, les panoramas urbains et les poursuites en voiture c'est du 100% numérique bien dégueulasse. Mais ça ne m'a pas dérangé. Peut-être parce que j'étais prévenu. Peut-être parce que j'y ai vu une référence frappante à Sin City, sa neige crasseuse, ses rues corrompues, son ambiance ouvertement surréaliste.
Oui, on pourrait dire que l'histoire est un festival du trope cliché, qu''il y a beaucoup de persos pas beaucoup développés. Sauf qu'au fond je trouve que Gareth Evans pose très simplement et très efficacement son thème de la rédemption, avec deux conditions à réunir : 1. qu'un être "moral" pose les yeux sur vous et vous considère valable, 2. que vous acceptiez enfin de payer et de faire face aux conséquences de vos fautes. Dès lors, de nombreux personnages empruntent l'une ou l'autre de ces chemins selon qu'ils remplissent ces conditions ou non.
Et puis, et surtout, Gareth Evans, comme dans the Raid, considère ses personnages avant tout comme des corps physiques en mouvement, une volonté incarnée dans un geste. Il les construit donc à la façon dont ils occupent et traversent l'espace. Comme dans the Raid (le huis clos en moins), l'espace est d'ailleurs filmé avec une maestria qui fait la patte d'Evans. Cet espace poisseux lie les personnages et leurs trajectoires avec une clarté incroyable, chaque action a une conséquence tangible, on sait tout le temps où on est, où ils sont, où ils vont...
Les corps sont d'ailleurs malmenés avec un excès grandguignolesque et ne finissent par succomber que lorsque ils ont reçu trois tables en verre securit dans la bougie, ou leur poids en plomb.
Tout ceci évoque très fort le jusqu'auboutisme jouissif d'un Hard Boiled de John Woo et du polar HK de la grande époque. C'est brut, sans prétention, direct et efficace.
J'ai quelques reproches à faire à la fin, qui manque finalement un peu de folie tant elle est dans la droite ligne exacte des scènes qui précèdent. Ça donne un peu le sentiment que, trop dense et tendu d'un bout à l'autre (il y a zéro temps mort, zéro ventre mou), le film arrive finalement à bout de souffle.
C'est pourtant l'endroit de toutes les résolutions des rédemptions ou des chutes dont je parlais plus haut.
En tout cas Gareth Evans est vraiment un très grand monsieur du cinéma d'action, peut-être actuellement le meilleur. Malgré la malédiction de la prod Netflix qui pesait sur ce projet, il s'en sort très honorablement. Havoc n'est pas un chef d'oeuvre, mais je le reverrai avec plaisir.