"Sans mobile apparent" est un polar d'incontestable influence américaine. Non content d'adapter un roman d'outre-Atlantique, son cadre niçois ensoleillé évoque la Californie. Tandis que le protagoniste de policier taciturne, confronté à une affaire de tireur embusqué qui commence à zigouiller des notables, n'est pas sans rappeler "Dirty Harry", sorti la même année (!).
Au moins cela lui donne une atmosphère et de la personnalité. Ca, et la ville de Nice filmée sous toutes les coutures, conférant à "Sans mobile apparent" un cadre presque documentaire de la Côte d'Azur des 70's, aujourd'hui sympathique.
Son seul vrai défaut est une mise en scène relativement sage. Professionnelle, mais manquant un poil de nervosité. Même si Philippe Labro s'amuse dans les séquences à suspense autour du tireur.
Car à côté, c'est bien mené. Porté par de bons acteurs avec en tête Jean-Louis Trintignant en flic froid et déterminé. Et proposant une enquête intéressante, difficilement prévisible. Il y a également la BO discrète mais tout à fait honorable d'Ennio Morricone.
Je note aussi la volonté de traiter en filigrane du journalisme, de manière peu reluisante. Des photographes qui épient et effraient les victimes potentielles. Des journaux qui affabulent sans remords. Sachant que Philippe Labro était lui-même journaliste, j'imagine qu'il savait de quoi il parlait !