Alien of the deep

Un groupe de scientifiques est envoyé au fond de l’océan pour explorer un vaisseau spatial contenant sans doute une intelligence extraterrestre. Parés à toutes les éventualités, ils ne sont pourtant pas préparés à la rencontre qu’ils vont faire là-dessous…

On n’a plus à faire l’éloge de Michael Crichton, sorte de Jules Verne des temps modernes, "maître du techno-thriller" selon Tom Clancy (qui en connaît un rayon dans le domaine), tant il a laissé une empreinte durable dans la littérature de science-fiction (ses essais aux romans d’aventures et policiers étant moins mémorables). Toutefois, si l’on excepte l’excellent Jurassic Park que Spielberg tirera du roman éponyme de Crichton, les adaptations à l’écran des romans de ce dernier sont rarement à la hauteur du modèle dont elles s'inspirent. Il faut dire que le style narratif de l’auteur, dont l’efficacité semble pourtant quasi-cinématographique, n’est paradoxalement pas si aisé à retranscrire sur grand écran.
Cette fois, c’est Barry Levinson qui essaye, et, s’il s’en tire de manière honorable, il ne transforme malheureusement pas l’essai. Se dotant d’un casting impeccable, il met pourtant toutes les chances de son côté. Seulement, là où le roman de Crichton angoisse son lecteur, l'empêchant par son sens aiguë de la narration de refermer le livre avant la fin, le film de Levinson n’y parvient que rarement, le réalisateur préférant l’action à la tension. Le problème, c’est que le budget ne semble pas suivre, et qu’il est dommage, par exemple, lorsqu’on nous montre une base sous-marine attaquée par un calmar géant, de ne pas être en mesure de nous offrir un seul plan de la créature…
En outre, malgré une adaptation très fidèle, le roman de Crichton subit quelques coupures inévitables , mais pas toujours pour le mieux, rendant le rôle de la sphère presque anecdotique (cela dit, cela nous évite la transcription à l'écran de l'entrée de Norman dans la sphère, qui aurait sans doute donné lieu à une scène ridicule). Ainsi, l’impressionnante confrontation mentale qui oppose Norman à Beth à la fin du roman se voit remplacée par une scène incompréhensible, sommet de confusion narrative, dans laquelle une poule n'y retrouverait pas ses poussins.
Heureusement, le scénario adapté reste ionnant, envisageant de manière profondément originale le entre des hommes et une entité extraterrestre. Le spectacle, lui aussi, malgré une certaine confusion (y compris dans la mise en scène, qui bouge parfois un peu trop), n’en est pas rendu moins captivant, les acteurs accomplissant leur tâche plus que convenablement (mention spéciale à Samuel L. Jackson, tout en ambiguïté) et la musique d’Elliot Goldenthal parvenant en partie à donner au film le souffle qui lui manque. Ca se regarde donc sans déplaisir, faute de convaincre totalement.
Pour les spectateurs suffisamment patients, je recommanderai tout de même plutôt la lecture du roman, parfois presque aussi confus que le film, mais plus profond, plus prenant, et dont les implications à la fois scientifiques et philosophiques font bien plus réfléchir...