The Phoenician Scheme
6.1
The Phoenician Scheme

Film de Wes Anderson (2025)

Il n'est pas humain, il est biblique

Zsa-zsa Korda industriel richissime survit à sa sixième tentative d'assassinat.

Chaque fois l'attentat est perpétré à l'intérieur de son jet privé qui se crashe mais Zsa-zsa survit miraculeusement. Son secrétaire a moins de chance et se fait découper en deux. Un nouveau projet ambitieux (le Projet Korda d'infrastructure maritime et terrestre de Phénicie...) le contraint à solliciter des participations financières auprès d'autres richissimes magnats de la planète. Les menaces sur sa vie étant de plus en plus fréquentes, il décide de nommer sa fille unique Liesl (alors qu'il a par ailleurs 6 ou 7 fils de plusieurs femmes toutes mystérieusement décédées) unique héritière de son empire. Placée au couvent depuis ses 6 ans, la jeune femme de 21 ans qu'il n'a pas revue depuis s'apprête à prononcer ses voeux mais accepte d'être héritière à l'essai et accompagne (la pipe à la bouche) son père dans son périple.

Wes Anderson a toujours une chance inouïe. Dès que son nouvel ouvrage est annoncé, les fans, les cinéphiles se précipitent. Sans doute en souvenir de La vie aquatique, l'île aux chiens, Grand Hotel Budapest, The Darjeeling limited. Moonrise kingdom, Fantastic Mister Fox... Et je ne parle pas de la critique encartée extatique qui hyperventile en PLS devant tant de beauté et d'imagination. Pour la beauté, rien à dire, c'est beau, quoique le vert glauque ne soit pas ma couleur favorite, bien symétrique (ce que les obsessionnels tels que moi apprécient grandement, merci Wes) et truffé d'objets et détails en tous genres qui nécessiteraient de revoir le film pour tous les dénicher. Mais non merci. 1 h 40 d'ennui maximal (ressenti 5 heures) est bien suffisante. Je retire les 3 minutes de début où je m'installe confiante en attendant qu'on me raconte une histoire et les 5 minutes de générique de fin de toute beauté (même si j'ai déjà complètement oublié pourquoi je l'ai trouvé si beau... peut-être parce que simplement il me libérait du film).

Depuis The french dispatch et plus encore Asteroïd city (à moins que ce ne soit l'inverse), Wes oublie un paramètre essentiel (deux en fait) : cesser de se tirlipoter le schmilblick et penser à la spectatrice bas de plafond qui n'entrave que pouic à son délire. Et oui, je n'ai rien compris mais quand je dis rien ce n'est pas une litote à la Rodrigue (Va je ne te hais point, c'est une litote), c'est vraiment rien de RIEN. Les savants y voient une charge politico-financière et même un portrait en creux d'Elon Musk. Et bien chapeau bas les gars. Déjà c'est lui faire bien de l'honneur au gars et moi qui ne suis pas Prix Nobel d'économie, je n'ai strictement rien compris, mais alors rien de RIEN (ah oui je me répète) à ce salmigondis de péripéties capitalistico-économico-financières. C'est fâcheux. Bien sûr, il existe des films que je ne comprends pas et qui malgré tout m'enchantent. Ici, cette cascade de scènes qui permet à une partie de Hollywood (et pas que) de défiler et tenter de tirer son sketche vers le haut m'a profondément agacée, déplu et ennuyée. Bill Murray, fidèle parmi les fidèles serait Dieu et je n'ai pas eu le temps de le reconnaître. Par contre, sauf erreur ou clignement de paupières, nulle trace d'Anjelica Huston (si quelqu'un a des nouvelles).

Wes mon gars tu tournes en rond dans tes délires et ton obsession à créer un univers qui n'appartient qu'à toi mais qui laisse froid. Bref, c'est chiant comme la pluie, long comme un jour sans pain. Pis que tout, ce bidule prétendument burlesque est sensé faire rire ou du moins sourire. Hélas les péripéties en cascade ne m'ont pas arraché l'esquisse d'un rictus de plaisir. Je n'avais qu'une hâte : en finir ! J'allais oublier. Comble de tout, le film est très, TRES bavard. Les dialogues sont déversés à la sulfateuse, les sous-titres minuscules s'inscrivent soit en haut, soit en bas de l'écran (autre originalité andersonienne)... le temps de les trouver, il est trop tard. J'ai vu des personnes obligées de se déplacer pour se rapprocher de l'écran. C'est quoi ce nouveau délire ?

Benicio del Toro n'est pas à blâmer et il semble tout foufou de sortir de ses rôles de gros truands (quoiqu'il n'ait pas plus de morale ici). Grand bien lui fasse. Même si toutes les stars (et la fille de...) viennent faire leur show dans le même style de jeu (afficher le plus grand sérieux dans des situations qui devraient prêter à rire... loupé), je sors du lot Benedict Cumberbatch dans le rôle de l'oncle Nubar (2 minutes 34 de présence à l'écran), mais lui "il n'est pas humain, il est biblique" (réplique du film, la meilleure).

J'espère que pour son retour dans deux ans Wes prépare un film d'animation, c'est là qu'il excelle. Et (film d'animation ou pas) j'y serai, je me connais. Incurable ou masochiste.

3
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le 31 mai 2025

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LaRouteDuCinema

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