Le dernier long-métrage de Tim Mielants ne sera sans doute pas le film que l'on retiendra de cette année. Pourtant, il possède des atouts indéniables qui prennent le pas sur ses vilains défauts.
Sa qualité première sera évidemment sa rupture avec certaines conventions cinématographiques, préférant, la majorité du temps, faire confiance à l'imaginaire du spectateur et laisser libre court à son interprétation.
Le fait de mêler des éléments du é au présent du personnage sans explications ni indications spatio-temporelles ou encore de laisser un dénouement volontairement ouvert, confèrent à Tu ne mentiras point une certaine puissance spéculative et interprétative, ce qui est fort agréable à une heure où, dans le cinéma Grand-public, tout doit être limpide immédiatement.
Préférant suggérer, plutôt que démontrer explicitement, l'oeuvre de Mielants ne dévoilera jamais de manière brute la violence du couvent. Une discussion entre une jeune femme apeurée et la Révérende Mère, figure d'autorité par excellence, autour d'un feu d'une cheminée; une femme enceinte recroquevillée dans un tas de charbon dans un cagibi; ou encore la mise en scène d'un couvent à l'apparence d'un pénitencier - suffisent à rendre compte de la violence psychologie qui s'abat sur ces jeunes femmes prisonnières.
Les émotions du protagoniste principal opèrent elles aussi un traitement similaire. Les larmes du personnage joué par Cillian Murphy ne tomberont jamais dans un quelconque pathétisme, car contenues dans les yeux de celui-ci. Mention spécial à la séquence chez le coiffeur, dont le traumatisme n'émergera pas dans un torrent de larmes mais bien dans un jeu d'acteur pudique et délicat.
On pourra reprocher au film d'être parfois trop explicite par quelques dialogues inutiles ou encore d'appuyer certaines séquences psychologiques par des moyens de mise en scène un peu trop sentimentalistes et convenus (le ralenti ou encore la musique flottante instaurant un état de flot mental...). Mais il fait partie de ces films qui partent d'une "bonne intention" avec de bons moyens de mise en scène, alors je préfère le valoriser, plutôt que de l'enterrer comme certains s'adonnent à coeur joie.