La Guadeloupe, et derrière elle les Antilles françaises, ont enfin leur film, et il s'appelle Zion.
Loin du paradis sur terre que le titre indique, Nelson Foix a le courage, pour ne pas dire l'honnêteté, de dépeindre la Guadeloupe telle qu'elle est vraiment ; une terre déchirée, où la misère économique côtoie les ravages de la drogue et la violence d'un état en pleine crise de conscience post-coloniale. Sur cette toile de fond troublée, loin de tout cliché ou de toute image de carte postale (on ne verra ici aucun blanc et plus de barres d'immeubles et de tags que de sable et de palmiers) ni sans la vider de son âme ou de ses traditions, le réalisateur, dans un premier geste cinématographique radical et sans concession (adaptation de son premier court-métrage), projette un film de gangster, de banlieue (on pensera facilement à l'équipe de Kourtrajmé) et d'engrenages ; ou comment un personnage de jeune "branleur" met le doigt dans quelque chose qui le dée.
irablement rythmé et monté malgré la trajectoire classique de son intrigue, Zion se révèle en divertissement prenant, efficace, et intelligent, car se doublant d'une parabole dont la morale, politique autant qu'intime, se résumerait ainsi : l'enfance virginiale oblige les adultes et les replace face à leurs responsabilités.
Sans se brûler avec le feu qu'il manie et avec force de représentativité, Zion est une petite bombe prenante et rafraîchissante, imposant un territoire et un réalisateur dans un paysage cinématographique français souvent bouché et bloqué.