Quand on s'appelle Mona

Mona Ozouf propose ici un exercice à deux temps, plutôt rafraîchissant venant d’une historienne.


Un : les souvenirs d'enfance. Mona Ozouf raconte son enfance en terre bretonne, tiraillée entre les racines familiales, l’école républicaine, et l’Eglise. L’auteure a pour elle un style extrêmement fin et fluide, qui évoque pour les faire revivre les souvenirs lointains de l’enfance, les paysages de la Bretagne (d’avant la pollution), tout le parfum du é. En fin de cette première partie, on trouve le récit plein d’humour d’une jeune normalienne féministe et communiste.


Deux : la composition. Mona Ozouf reprend ses tiraillements profonds, pour en faire une grille d’analyse des identités conflictuelles de la société française aujourd’hui. Elle repense à cette occasion les oppositions entre le centre et la périphérie, entre le local et le national, entre la République universelle et la patrie française. C’est dense et entrelacé, mais on en vient à bout. On trouve même dans les dernières pages un étrange lever d’ancre : aucun individu ne se réduit à ses communautés, aucun dogme ne peut saisir la réalité …


Surtout, sur un sujet comme l’identité à propos duquel on écrit tout et n’importe quoi, Mona Ozouf fait mieux que beaucoup d’autres. Qu’on adhère ou pas aux thèses, l’exercice est original, le fond est intéressant, et la plume est agréable.

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le 17 avr. 2015

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Wakapou

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