Ce roman met à l’honneur les invisibles, ces femmes (les hommes sont rares dans ce secteur d’activité) grâce auxquelles nos décors apparaissent organisés comme par miracle, nous dégageant du temps pour le meubler de tâches plus gratifiantes. Elles dépendent ici d’une plateforme de locations saisonnières, mais le principe est le même où qu’elles travaillent : il faut en un minimum de temps accomplir une prestation de ménage, usante physiquement, en demeurant transparente, invisible. Tout cela dans une hypocrisie la plus totale : substituer l’étiquette femme de ménage par celle d’employée de maison, ne change rien à l’affaire !
« Employée de maison… Est-ce que le boulot e mieux, est-ce qu'on a moins mal au dos et aux articulations grâce à cette expression ? Est-ce que j'aurais eu moins honte à l'école si je l'avais utilisé sur la fiche de renseignements le début d'année, juste en dessous de mon nom, Camille Bonhomme ? Profession de la mère : employée de maison. »
« Grattez, gommez, grimez, à l'heure de la 5G, la bonne à tout faire, doit nettoyer la merde des maîtres sans jamais se montrer, se fondre dans l'ombre de ces porcs, sans moufter, rester indétectable, parfaitement insoupçonnable. Donc interchangeable. »
Les conditions de travail pour un salaire dérisoire peuvent conduire au drame, c’est ce que veut démontrer ce roman. On sait d’emblée que quelque chose de grave s’est é, on le découvrira dans les derniers chapitres.
La critique est aussi dirigée vers le fonctionnement des locations saisonnières, pointant les aberrations du système. Remettre un logement à neuf après chaque séjour, pour tenir la distance dans la course à la note (tout système de notation, qui se cantonnait jadis à l école, mais a envahi nos vies quotidiennes, induit une modification des comportements qui n’a rien de vertueux), est absurde et incohérent.
Même si le drame relaté est un accident, et ne peut être qu’exceptionnel, il met bien en valeur la nécessaire réévaluation de nos modes de consommation.
Un roman qui se lit avec à la fois une avidité à comprendre le noeud de l’affaire mais qui ouvre aussi les yeux sur les folies de notre monde.