Réalisateur de l'excellent mais pourtant (très) mal-aimé Blonde (avec une Ana de Armas plus qu'impeccable dans la peau de Marilyn Monroe), Andrew Dominik capte sensiblement les émotions de Bono, charismatique chanteur du groupe U2, lors de son one-man-show où l'homme revient sur son parcours de vie. Un spectacle qui aurait pu être une énième proposition narcissique de la part d'un artiste, sauf que l'homme déclame ici une partie de ses soufs avec autant de recul que d'humour. Une véritable et ionnante réussite.
Pour ma part, étant trop jeune pour connaître sur le bout des doigts l'univers de U2, je me souviens néanmoins d'avoir découvert leur musique par le biais de mes parents qui étaient adolescents durant les années 1980. Une époque où U2 était omniprésent sur la FM avec des tubes imparables tels que Sunday Bloody Sunday, Pride (In The Name Of Love), With Or Without You ou encore Where The Streets Have No Name qui ont indéniablement bercé une partie de mon enfance de par les écoutes intensives de mes parents. Pour ma part, même si j'ai toujours largement préféré les beats électroniques ponctués d'infrabasse de Depeche Mode que je suis allée voir plusieurs fois en concert, U2 reste un de ces groupes mythiques qui ont indéniablement fait évoluer non seulement la pop music en elle-même mais aussi indéniablement les mœurs en offrant une forme de lyrisme poétique à leurs chansons tout autant consacrées au langage amoureux (With Or Without You reste un sacré chef-d'œuvre en ce sens) qu'au langage politique (Sunday Bloody Sunday qui a par ailleurs offert une partie de son titre à l'excellent film de Paul Greengrass réalisé en 2002 qui relate le massacre -13 morts et 14 blessés par balles- que la police anglaise perpétua envers une marche pacifiste irlandaise en 1972).
Ces faits, Bono y revient ici en narrant son ressenti émotionnel et en interprétant la chanson totalement réarrangée. Ce qui est le cas de quelques autres titres que le chanteur clame avec toujours autant de ion et d'harmonie. De biens beaux moments traversés par des souvenirs familiaux sur lesquels l'artiste se livre sans fard dont, tour à tour, le décès de ses deux parents. Il n'avait que 14 ans lorsque sa mère, Iris, rendit l'âme à l'âge de 48 ans en se voyant victime d'un anévrisme cérébral le jour-même où elle enterrait son propre père. L'interdiction, par la suite, d'évoquer le sujet au sein de la cellule familiale perpétua la colère du jeune homme qui trouva tout autant le salut dans la religion que dans la musique. Bono écrira par la suite plusieurs chansons dédiées à sa maman, dont Iris (Hold Me Close) en 2014.
Ces faits personnels, l'artiste les narre ici en live en interprétant quelques scènes parfaitement chorégraphiées qui ponctuent son parcours personnel et son succès public. Une très belle aventure confectionnée suite à son autobiographie littéraire, Surrender : 40 Chansons, Une Histoire, publié en 2022 où Bono s'étend un peu plus sur sa très longue relation amoureuse avec sa femme (elle avait tout juste 15 ans lorsqu'il en tomba follement amoureux) ou son vivifiant combat à vouloir changer le monde sociétal avant de capituler face à la complexité (voire l'impossibilité ?) de la tâche.
Malgré son titre, Bono : Stories Of Surrender n'est pas que le simple portrait narcissique d'un musicien ayant vendu plus de 170 millions de disques aux quatre coins de la planète, c'est aussi un parcours de vie où blessures et victoires intérieures se sont alliées pour mieux vaincre une forme de dépression humaine. Un bel autoportrait artistique, ponctué de quelques sublimes chansons entièrement réarrangées pour l'occasion, qui m'a indéniablement offert l'envie de redécouvrir Rattle And Hum, documentaire focalisé sur une tournée U.S de U2 en 1987.
All the promises we make from the cradle to the grave when all I want is you ♪♫♪