Exhuma
6.6
Exhuma

Film de Jang Jae-Hyun (2024)

Qui c'est-y qu'on appelle ?

Hwa-rim est une chamane très réputée qui accepte la proposition d'un riche client pour résoudre une sombre histoire de malédiction. Elle va pour cela réunir une équipe de choc composée des meilleurs des meilleurs, avec mention. J'ai un petit faible pour ce genre de pitch, dans la veine d'un A-Team, Ocean 11 ou The Expandable, où des professionnels hautement compétents font ce qu'ils font de mieux.


Nos Ghostbusters de l'exhumation de cadavre sont composés de notre chamane et Yoon, son jeune protégé couvert de tatouages ésotériques, Yeong-geun, le croque-mort de l'extrême qui a enterré des présidents, et enfin Kim, un géomancien capable d'autopsier un macchabée enterré dix ans plus tôt en bouffant un peu de terre de la sépulture, et vous donner dans la foulée les détails des rites funéraires.


Comme d'habitude avec le ciné coréen, tout est filmé et cadré au poil de cul avec les meilleures caméras du monde. Et contrairement à beaucoup de films coréens, il trouve le juste équilibre avec une intrigue facile à suivre, mais qui ne vous prend pas pour un abruti en sur-expliquant tous ses rebondissements. Les personnages sont bien introduits et très différents, autant visuellement que dans leur manière de se comporter.


Mais le véritable attrait d'Exhuma, c'est surtout son horreur folklorique pleine de règles extrêmement précises et de superstitions sur les rites d'inhumation : le choix de la parcelle, la qualité de la terre, avec quoi enterrer le mort, ne surtout pas faire de crémation un jour de pluie, j'en e et des meilleures.

Cette richesse culturelle est appuyée par l'exécution de rituels à la fois riches et fascinants, qui mêlent danses, chants, percutions, taillade de cochons, des gens qui s'aspergent de sel et de sang de cheval. Ce qui, dans un film occidental, n'aurait été qu'une bête scène d'exorcisme où un vieillard agite un crucifix en psalmodiant des prières devient un vibrant ballet de musique et de danses, sublimé par une mise en scène chatoyante.


o o o


J'aurais aimé m'en tenir à ces louanges, mais le film met quand même un moment à démarrer et refuse de se terminer, avec des chutes de rythme et carrément un acte de trop. C'est une réserve sans laquelle j'aurais conseillé le film avec enthousiasme. En l'état, c'est une recommandation prudente pour amateur de films coréens, d'exorcisme et idéalement les deux.


Je n'étais pas pleinement conquis par Exhuma quand j'ai quitté la salle, légèrement épuisé par un film qui ne voulait pas se finir. Mais depuis, j'y ai souvent repensé avec tendresse et le souvenir de ses personnages et des images saisissantes qu'il distribue généreusement pendant ses deux grosses heures me laisse penser que je le reverrai avant longtemps.

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le 11 mai 2025

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Ezhaac

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